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Organiser sans déresponsabiliser

Toute organisation naît d’un but à atteindre qui ne peut l’être que par plusieurs personnes. Il faut alors diviser ce but en buts intermédiaires et confier ceux-ci aux personnes que l’organisation rassemble. Le tout est trop grand pour une personne, on le divise en parties, avant de confier à chacun.e sa partie.

 

L’organisation est à la fois ce processus de division et son résultat.

 

Chacun.e doit alors s’acquitter de sa partie. Non pas simplement comme il ou elle l’entend, mais de telle manière que les autres personnes puissent s’acquitter de la leur également. L’organisation, ce sont aussi toutes les dispositions qui permettent aux parties d'être coordonnées entre elles.

 

Mais qui, pour mener à bien ce travail de division, de répartition, de coordination (pour décider qui fait quoi, quand et comment) ? Le plus souvent, il n’est pas possible d’associer à ce travail toutes les personnes que l’organisation rassemble. Quelques-unes d’entre elles seulement décident alors pour toutes les autres. Mais avec une conséquence que l'on aurait tort de négliger : seules ces quelques personnes demeurent alors pleinement responsables d’atteindre le but de l’organisation. Toutes les autres ne sont plus responsables que de la partie qui leur a été confiée. 

 

Tel est le paradoxe de toute organisation. Dès que des personnes sont rassemblées pour atteindre ensemble un but, une partie, sinon la majorité d’entre elles, sont dépossédées de la responsabilité d’atteindre ce but. On leur a dit ce qu’elles doivent faire, et elles ne sauraient donc être tenues pour responsables s’il s’avère, ensuite, qu'elles auraient dû faire autre chose. D’autant que, le plus souvent, on ne confie aucun but, on délègue seulement l’exécution de tâches (censées atteindre le but). Les personnes sont alors aliénées : rendues étrangères à la mission ou à la raison d’être de l’organisation qui les emploie et parfois même au travail qu'elles doivent effectuer.

 

C’est ainsi que l’organisation se prive d'une grande partie de l'intelligence qu'elle réunit en son sein. Non seulement elle ne la sollicite pas, mais elle signifie à toutes et tous que cette intelligence ne compte pas pour elle. Chacun.e est ainsi averti de la place que l’organisation lui laisse et … se comporte en conséquence ! C'est la raison pour laquelle seuls 16 % des salariés, en Suisse, se déclarent engagés dans leur travail (State of Global Workplace, Gallup).

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Le défi que toute organisation doit relever est donc celui-ci : maintenir toutes les personnes co-responsables de l'atteinte du but de l'organisation tout en les ... organisant. Ma conviction est que ce défi peut être relevé au travers d'un partage de la gouvernance. Le modèle de la sociocratie permet de le faire avec une grande rigueur. 

Michel Cornut, 23.09.2024

Inspirations

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  • Sociologie des organisations : par exemple : Michel Crozier, Henri Mintzberg, Philippe Bernoux, François Dupuy, Jean-Michel Plane

  • Analyse institutionnelle : Gaston Jouffroy

  • Mouvement des "entreprises libérées" :  Frédéric Laloux, Martine Calligaro et Jean-Jacques Gressier

  • Essais sur le management classique et le néolibéralisme : par exemple : Christian Laval (L'Homme Economique), Alexandra Bidet (L'engagement dans le travail - qu'est-ce que le vrai boulot ?), Barbara Stiegler ("Il faut s'adapter", Sur un nouvel impératif politique), Nicolas Bouzou et Julia De Funès ("La comédie (in)humaine, pourquoi les entreprises font fuir les meilleurs)

  • Ecoles de management classique : par exemple : MBA, l'essentiel du management par les meilleurs professeurs ; Management - le modèle de l'université de St-Gall 

  • Essais sur le leadership : par exemple : Vincent Lenhart (Les responsables porteurs de sens), Romain Cristofini (L'intelligence spirituelle au coeur du leadership)

  • Ted Rau, Chaque voix compte, Sociocracy for All ; précis de sociocratie, SOFA.

  • Brian Robertson, la révolution Holacracy.

  • Normes qualité ISO 9001, EduQua, Insertion Suisse (ex AOMAS)

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